Assez de grands projets inutiles / Christophe Dumont

 

Assez de grands projets inutiles, favorisons les petits projets,
et menons de grandes politiques de transition‏

 

Intervention de Christophe Dumont, dans le cadre du vote du budget 2013 de la Région Champagne-Ardenne.

 

« Le groupe écologiste a voté en commission, monsieur le président, le budget du développement durable, du tourisme, de l’aménagement du territoire mais a demandé un vote séparé sur la subvention à APVP. Elle a voté contre cette subvention car la région n’a pas vocation, selon nous, à subventionner à hauteur de 40 euros chaque voyage touristique à bas coût, même si nous reconnaissons qu’un effort a été fait car cette subvention était auparavant de 80 euros par billet et que, sous la pression du groupe écologiste, elle a été ramenée de 1700000 à 1300000€.

Nous avons, Monsieur le président, été très consensuels depuis le début de cette session, et je me demandais, depuis le début de nos travaux quelle était notre originalité, la « petite musique » du groupe écologiste ; et puis j’ai entendu ce matin nombre de mes collègues défendre des projets qui se situaient dans un rayon de 10 kilomètres autour de leur maison en indiquant que ces projets étaient de grands projets, le chaînon manquant d’une liaison européenne qui allait régler tous nos problèmes pour les cinquante prochaines années, je me suis alors dit qu’il suffisait ensuite de gonfler les bénéfices attendus de ce projet et d’en sous-estimer le coût pour obtenir ce que nous appelons, nous écologistes, UN GRAND PROJET INUTILE.

Monsieur Dekens a défendu tout à l’heure la liaison ferroviaire Dinant-Givet, je suis d’accord avec presque tout ce qu’il a dit, mais pourquoi prétendre que cette liaison a une vocation internationale ? Mon collègue a cité Marcus Rieder, mais s’il l’avait lu attentivement il saurait que cette liaison pendulaire transfrontalière est nécessaire, mais que c’est un contresens d’en faire une ligne internationale, et que le prétendre le contraire affaiblit notre propos.

L’aéroport de Vatry fait partie, selon Nous, monsieur le Président, des  « grands projets inutiles » avec lesquels on organise  la compétition entre les collectivités au nom de l’attractivité, Aux grands projets inutiles, nous préférons privilégier des milliers de « petits et moyens projets utiles », à échelle humaine, proches des gens, bons pour l’emploi de qualité, bons pour l’environnement, le lien social, le bien vivre et la démocratie, mais pour favoriser ces petits projets, on a absolument besoin, Monsieur le président, de  GRANDES POLITIQUES sociales, écologiques, économiques et même financières, élaborées selon des pratiques démocratiques vivantes, faute de quoi les projets utiles, qui existent déjà partout, seront freinés. Voilà, monsieur le président, mes chers collègues, le message des écologistes.

Il faut de GRANDS PROJETS POLITIQUES UTILES de réduction des inégalités, de récupération du foncier périurbain, de réhabilitation thermique des logements existants, d’aides à l’habitat groupé autogéré, de discrimination positive pour les énergies renouvelables, d’incitations aux circuits courts, de transports collectifs locaux et régionaux propres et pratiques, de fiscalité écologique et sociale, de reprise de contrôle de la finance et du crédit, de développement massif de services non fondés sur la lucrativité, de sécurisation des parcours professionnels dans la transition, etc.

Nous ne résoudrons pas les problèmes des crises actuelles avec les vieilles recettes, les innombrables initiatives locales ouvrent souvent la voie. Elles permettent de croire qu’un autre modèle est possible… puisqu’on peut voir des modèles réduits qui marchent en dépit d’un contexte défavorable. Elles ne suffiront pas à faire basculer les consciences et les pratiques si on ne l’organise pas politiquement ;  le projet d’une transition écologique vers un autre modèle suppose donc qu’on l’organise politiquement, et c’est dans cette démarche que notre groupe souhaite vous accompagner, monsieur le président, en vous proposant de revisiter nos politiques à la lumière de critères sociaux et environnementaux. »

Intervention de Christophe Dumont, inspirée de Jean Gadrey

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