« Nous nous inscrivons dans l’esprit du manifeste de Jean-Paul Bachy. Arriver à tenir un discours consensuel à trois partis, voire à plus, pour moi c’est très beau et c’est le premier pas d’une vraie efficacité. Nos regards se croisent et se dessillent… et si nous n’avons pas forcément la même analyse de la situation de notre région, notre ressenti et nos rêves peuvent se rejoindre.

C’est pour rire, mais c’est vrai, entendre à une cérémonie des vœux, Monsieur Ruelle, directeur général des services, citer Edgar Morin, c’est du miel pour nous…

« Tout notre passé, même récent, fourmille d’erreurs et d’illusions, l’illusion d’un progrès indéfini de la société industrielle, l’illusion de l’impossibilité de nouvelles crises économiques… Règne aussi l’illusion que la seule alternative se trouve entre deux erreurs, l’erreur que la rigueur est remède à la crise, l’erreur que la croissance est remède à la rigueur. »

Nous savourons le miel du discours de Monsieur Ruelle, et pourtant… et pourtant le lien avec ce que peuvent faire des conseillers régionaux, eelv par-dessus le marché, ici et maintenant, doit être explicité. Le 21 décembre n’a pas marqué la fin du monde, et c’est heureux, mais sans doute l’espoir d’une nouvelle ère. Je me permets alors, même si ça agace, de vous lire un petit bout d’un grand texte écrit par Annie Leclerc en préface à la réédition de « Parole de Femme » :

« Désormais on ne peut plus se voiler la face. La course au profit, la lutte pour le pouvoir ont mis le feu aux poudres aux quatre coins de la planète, il n’y a jamais eu tant de pauvres, d’affamés, tant d’être hagards, hébétés, sans espoir ni perspective, tant de violences folles, absurdes, comme autant de suicides, ni non plus tant de riches éhontés et impudents, l’air, la terre, les eaux sont empoisonnés, d’ingérables tempêtes se déchainent, on étouffe, on tombe malade, le nucléaire menace, l’angoisse gagne de tous côtés quand la survie même de l’espèce apparait compromise. La vieille politique des hommes ne parvient plus à cacher ses plaies, ses misères, ses saccages.

On ne peut plus désormais remettre la sauvegarde de la planète et de ses habitants à plus tard, ni exclure les femmes de cette entreprise de vie. La politique prend un tout autre sens. Il ne s’agit plus de savoir qui va gagner, mais ce qu’on va réussir à sauver. »

Très concrètement, ici et maintenant, nous sommes pour une action courageuse et franche vers une agriculture responsable, donc biologique et de proximité. Nous faisons le choix tout particulier d’intervenir sur ce secteur, et qui doit être soutenu sur le long terme. Domaine d’activité stratégique comme le spécifie le CESER.

La base du respect de l’environnement et des hommes, c’est l’écriture de la charte de la biodiversité.

C’est aussi moduler les aides de la région et nos dispositifs pour mieux lutter contre les inégalités sociales, territoriales et environnementales. Il ne s’agit pas d’être restrictif, il s’agit de valoriser et bonifier la marche vers l’exemplarité. C’est ce que nous appelons l’éco et la socio conditionnalité. Merci Monsieur le Président d’avoir intégré notre proposition et de vous être engagé à la mettre en œuvre. Vous pouvez compter sur nous pour y travailler à vos côtés.

La base du respect de l’environnement, c’est aussi tisser la toile qui soudera nos départements, nos villes et nos villages. Les femmes et les hommes, les jeunes et les vieux ont besoin de se voir et de communiquer pour continuer à vivre heureux dans ce nouveau paysage. Nous serons actifs, solidaires et vigilants pour appuyer les projets allant dans ce sens.

L’identité régionale de la Champagne-Ardenne a besoin d’être posée à nouveau, reposée, apaisée, ne serait-ce que parce que son histoire très riche est aussi faite de conflits et de rivalités. Mais aussi parce qu’une identité régionale valorisée est un des boucliers qui peuvent protéger de la montée du nationalisme, du repli sur soi et de la haine.

Pourquoi n’imaginerions-nous pas une fête de la Champagne-Ardenne ? La convivialité est et sera toujours la première réponse aux sentiments sourds d’injustice, d’inégalité et d’impuissance. Notre région au visage allongé et plein de cicatrices est à la frontière entre l’Est et l’Ouest de la France. Reliée et forte, elle peut devenir un territoire emblématique des batailles de l’égalité entre les territoires français et européens. Les journalistes, les citoyens sur les réseaux sociaux s’emparent enfin de la problématique de la liaison Nord-Sud de notre région… et ceci me donne beaucoup d’espoir.

Tout ce qui est fait dans une démarche transversale, tout ce qui relie, la culture et l’ESS, la culture et la formation professionnelle… tout ce qui commence à vivre au sein de la TRANSFO donne de l’entrain en ces temps de restriction ! Les contraintes sont moins des entraves à la liberté que des manières de pousser à l’imagination. D’autant que nous devons nous préparer demain à des alternatives et des choix encore plus forts. En gardant peut-être une ou deux réserves qui font partie de notre identité propre, comme nous soutenons le manifeste régional, nous voterons ce budget 2013. »