De la culture en milieu rural : c’est quoi ? Ca sert à quoi ?

Par Patricia Andriot
Les lundi 25 et mardi 26 juin, à l’initiative de l’association « Autour de la terre », du collectif « ville campagne », et de la plate-forme de ressources IPAMAC (réseau rural),  ont eu lieu deux jours d’échanges, de débats, d’expositions, de présentations de films, etc.. pour échanger autour de la question de la culture en milieu rural :  c’était aussi l’occasion d’inaugurer avant l’heure le lieu dit de la GARE, appelé à devenir un centre de ressources de l’Economie Sociale et Solidaire  (ESS) du territoire, …

Finalement, tous ces débats, tous les témoignages, les projections ont non seulement permis d’illustrer mais surtout d’expliquer comment, dans un monde en mutation, l’on peut chercher à explorer d’autres voies de développement possible, et en quoi la culture est un vecteur de développement local clé.

C’est en tout cas, ce que j’en ai retenu et que j’ai essayé d’évoquer dans la conclusion/synthèse qui m’était demandée.

Invitée en tant que vice-présidente du conseil régional, déléguée à l’économie sociale et solidaire,  j’ai rappelé que j’habite ce territoire,  que j’y avais été impliquée associativement et que cela conditionnait sans doute beaucoup ce que j’allais dire.

Sur cette question de la culture en milieu rural comme vecteur de développement local, parler  d’ESS et de politiques publiques , c’est tenter de dire pourquoi cet autre modèle économique peut être une piste de réponses aux questions posées, une politique publique en tant que telle qui vise à lier enjeux sociaux, démocratiques, économiques et environnementaux. .

Pour répondre à cela,  j’ai tenté de décrypter quelques enjeux clés qui me semblait sous-jacents aux questions évoquées durant ces journées, avant d’expliquer pourquoi, en tant que Vice-Présidente, c’était pour moi des déterminants de l’action politique que j’anime sur l’ESS.

3 ordres de questions très présentes au cours des débats qui  renvoient à trois enjeux politiques sont à souligner :

– Un enjeu de  de questionnement de notre mode de développement, de légitimité des modèles dits alternatifs   : parler culture et développement local, est-ce réaliste ? La culture comme  vecteur de développement local est- ce entendable ?  Peut-on parler de l’utilité de la culture,  de sa reconnaissance, de sa compatibilité économique ?  La culture  peut-elle revêtir des aspects multiples ? A-t-elle un truc en plus ? tout l’enjeu est de faire reconnaitre la culture comme outil à part entière de lien social, de service rendu, d’emploi,…

– Un enjeu de dialogue, de décloisonnement, de coopération, qui pose la question du rapport  entre citoyens, entre territoires, entre élus et habitants..

La culture est un vecteur de refondation d’identités dans une société en mutation. Le dialogue, l’échange mais aussi la reconnaissance de la pluralité des formes culturelles,  doit permettre d’éviter la hiérarchisation, l’opposition entre culture de la ville, culture de la campagne, entre centres et périphéries, entre professionnels et amateurs, et favoriser le dialogue indispensable pour progresser dans la reconnaissance de la culture comme vecteur de développement local à part entière.

– Un enjeu de concrétisation : la crédibilité , oui, c’est bien chez les autres, mais comment faire chez nous ? La crédibilité,  c’est la capacité à faire vivre un modèle alternatif, c’est la capacité à concrétiser les choses, et cela passe par l’expérimentation, la démonstration, mais aussi l’acceptation de l’erreur.

Face à ces enjeux , quelle politique publique ? Quelles  sont les pistes ?

Une politique publique, c’est un choix de distribution de moyens pour organiser un modèle de societé. Et de ce point de vue, mettre en place une politique publique en faveur de l’ESS, c’est reconnaitre la place de ce modèle économique dans la société, c’est affirmer qu’on peut créer de la richesse en tenant compte de sa distribution, de son impact social et environnemental en amont. L’ESS , d’un point de vue juridique, ce sont des statuts qui favorisent des conditions de production qui tiennent compte de cela, mais d’un point de vue philosophique, c’est  l’économie telle qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être, c’est à dire au service de l’homme.

En charge de cette politique au Conseil Régional de Champagne Ardenne,  les fils conducteurs de l’action politique en la matière pour répondre aux enjeux précités, sont au nombre de 3 : décloisonner entre services, entre thématiques, organiser le dialogue,  expérimenter et donc reconnaitre le droit de se tromper et enfin reconnaitre le « bassin de vie », comme le niveau d’action territoriale pertinent.

C’est ce que tente de faire nos dispositifs (PROGRESS, Droit à l’expérimentation, de l’idée au projet,…) et le lieu de la GARE est la parfaite illustration de que nous devons et pouvons accompagner.

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