Discours de Patricia Andriot lors de la signature du contrat de Pays de Langres

 

Mesdames, messieurs, ….

il n’y a pas de politique d’aménagement du territoire ni de développement régional sans un engagement fort des politiques publiques . Mais il n’y a pas de politique de décentralisation qui réussisse, de mobilisation et de développement local, sans une concertation et une adhésion de ceux à qui elle s’appliquera.

Vous le savez, je suis particulièrement  convaincue par la pertinence des structures que sont les pays. Et c’est pour cela, que je suis particulièrement heureuse de représenter le président Jean Paul Bachy, en cette circonstance, même si je suis bien consciente que vous regrettez, que nous regrettons, son absence. Je veux en profiter pour dire qu’il ne s’agit évidemment pas de sa part d’un moindre intérêt pour notre territoire, ni pour la politique des Pays. Bien au contraire, c’est un fervent défenseur des Pays, et très attaché aux territoires ruraux et excentrés de la région comme le notre, mais c’est uniquement son calendrier bien chargé en ce moment, comme vous pouvez l’imaginer qui explique son absence. Je ne doute pas qu’il aura à cœur d’etre présent dans le sud haut marnais, dès que l’occasion se présentera.

C’est  donc  en son nom, autant qu’au mien, que je veux me féliciter du travail accompli et de la signature de ce nouveau contrat de développement territorial, que le Conseil Régional a approuvé le 12 mars dernier. Et je veux prendre un instant pour insister sur ce point avant d’expliquer pourquoi le Conseil régional a fait le choix, réaffirmé, de miser sur les pays pour mener sa politique d’aménagement du territoire.

Je veux non seulement vous féliciter mais insister , pour dire en tant que membre du bureau du Pays, à quel point j’apprécie le travail de son président, sa mesure, son sens du consensus, pour avancer, comme le travail, la motivation , je dirais presque la militance, de l’équipe. Je veux aussi, en tant que vice-présidente du conseil régional, souligner publiquement la qualité du travail des services régionaux, et en particulier de son directeur, Didier Breton et d’Adeline Henry, pour dire à quel point je peux attester de leur connaissance fine des territoires mais aussi de leur posture d’écoute et leur souci de l’équité dans le traitement des dossiers. Je prends le temps de souligner cela, car c’est essentiel, c’est au coeur même, je crois de la réussite , de la transformation de notre volonté politique.

Ce contrat de pays, politique de soutien aux projets de développement portés par les acteurs locaux, est conclu dans un objectif de développement équilibré des territoires de Champagne-Ardenne. Il est voulu comme une réponse adaptée aux problématiques variées dans la diversité des territoires de notre région.

A l’occasion de la signature de ce contrat avec le pays de Langres, relais de la politique en matière d’aménagement du territoire du Conseil Régional sur ce territoire, je voudrais en profiter pour rappeler pourquoi la région a fait le choix de miser sur les structures que sont les Pays, pour mettre en œuvre sa politique en la matière alors même que la droite semble régulièrement les remettre en cause.

Quels sont les objectifs de la région en matière d’aménagement du territoire ? J’en vois au moins quatre , et encore la liste n’est-elle pas exhaustive.

– Assurer une stabilité, une pérennité, donner une garantie dans le temps pour les territoires qui misent sur une logique de projet pour étayer leur développement.  En effet,  ne pas faire du développement par à-coups, réfléchir à des projets avec la population et sur le long terme nécessite un cadre stable , pas si fréquent par le temps qui courent, et qu’assure notre politique de contractualisation. Les témoignages de Mr Decourcelles et Couturier illustrent l’enjeu de la concertation et de la stabilité, Cadre qu’offre ce Contrat de Développement Territorial.

Miser sur la proximité, promouvoir l’offre d’accueil, accompagner les populations, et refonder le dialogue local, sur une dynamique de projet. La maison des services de Fayl-Billot, comme celle de la santé de Bourbonne, sans oublier la construction d’une école à Montigny ou Is-en-Bassilly ou un pôle culturel à Clefmont, autant d’exemples de développement local du territoire, construit sur la base des demandes formulées par le Pays, et co-construites en lien avec les attentes de la population . Parce que le conseil régional considère qu’une bonne politique ne se décrète pas de loin, par une administration et de manière homogène pour tout un territoire aussi vaste que la Champagne-Ardenne, et qu’une vision adaptée et pertinente de l’aménagement d’un territoire se fait entre élus de proximité et société civile ; c’est pourquoi nous faisons le choix d’un cadre souple, et de discussion avec les territoires. Le témoignage de Monsieur Goncalves, maire d’Arbigny me semble illustrer totalement cette dimension.

– affirmer l’effet levier d’une approche globale entre  développement économique , maintien de services, souci de l’environnement, intégration sociale, approche globale qui doit s’incarner au niveau d’un territoire ; la réussite et les discussions de la  journée d’hier a laquelle le pays à contribue, illustre largement l’intérêt de cette approche globale.

– Enfin, et parce que la proximité ne doit pas empêcher l’équité, la région, souhaite organiser la solidarité entre les territoires ; c’est pourquoi, dans un contexte budgétaire contraint , elle fait le choix de poursuivre son effort, au-delà des 3,2 millions consacrés au Pays de Langres, à hauteur de 47 millions d’euros engagés sur les territoires ruraux, quand elle a décidé de ne pas poursuivre avec les agglos, considérant qu’il y avait là d’autres potentialités fiscales notamment.

Je veux profiter aussi de cette occasion pour rappeler comme je l’ai évoqué au début de mon intervention tout l’intérêt démocratique, mais aussi la réponse à des défis d’avenir,  que représentent, aujourd’hui plus que jamais les Pays.

Créés par la loi Voynet  (du nom de son instigatrice) en  1999,  les Pays ont reçu pour mission d’introduire une conception renouvelée en profondeur de la politique publique, sur la base du principe introduit, à la fin de années 80, par Jacques Chérèque, ministre de l’aménagement du territoire : « un territoire + une stratégie + un projet font un contrat ».

La loi Voynet avait pour ambition (réussie) d’inventer une structure souple mais organisée, permettant l’accompagnement de dynamique de développement local, en reconnaissant notamment le rôle de l’ingénierie territoriale, de consacrer ainsi le passage d’une logique de guichet à une logique de projet, de reconnaître que le développement d’un territoire passe par son cadre de vie, par une vision à long terme, par une gouvernance qui associe la société civile…. En bref, il s’agissait d’organiser un espace pour penser le développement durable sur les territoires.

Je me permet de rappeler cela, d’une part pour souligner que c’est bien cet esprit, cette dynamique que la région souhaite accompagner, et qu’elle est d’ailleurs bien souvent la seule à reconnaître à ce point,  et surtout pour souligner que face aux défis devant lesquels nous sommes tant en termes sociaux, que budgétaires ou environnementaux, qui ne doivent pas se concurrencer mais au contraire, nous obligent à plus d’intelligence collective, nous obligent à des choix.

Plus que jamais, nous devons organiser structurellement des passerelles avec la société civile et des espaces qui permettent de penser projet et sortir du court terme ; on ne peut dans un tel contexte se contenter de la démocratie élective et déléguer exclusivement les choix d’aménagement du territoire aux élus, …

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