Co Construire les politiques jeunesse.. une occasion à ne pas rater de réconcilier les jeunes avec le dialogue politique… osons poursuivre l’action imaginative et innovante… (par Patricia Andriot)

Pourquoi se poser la question de la relation entre jeunesse et politique publique ?  Quelles sont les clés, les réponses spécifiques à apporter ? Notre capacité, en tant qu’élu/es, et, plus encore, qu’institution, bref, de “pouvoirs publics », à mieux associer les citoyens aux décisions les concernant est comme un enjeu démocratique essentiel, qui suppose une réflexion spécifique pour la prise en compte des enjeux. La question  vaut pour tous les âges et toutes les populations, mais la politique c’est faire des choix pour organiser la société, l’enjeu de réconciliation des jeunes avec la politique est donc particulièrement fondamentale.

Comment faire en sorte que les politiques publiques soient réellement transversales ? Comment favoriser le tissage du lien entre les générations, mais aussi à l’intérieur de celles-ci ?

Une démarche expérimentale est conduite, depuis septembre 2011, en partenariat avec la 27ème Région (agence d’innovation des politiques publiques qui permet aux collectivités publiques de changer leurs méthodes d’action) dans l’élaboration d’une politique jeunesse transversale. Cette expérimentation porte sur les dispositifs actuels mis en place par la Région, la problématique des jeunes en errance et la valorisation de la créativité des jeunes.
Dans ce cadre, nous étions, les 8 et 9 décembre dernier, Valérie Labarre et moi-même, en compagnie de Gérard Berthiot, vice-président à la jeunesse et à la vie associative, pour la troisième édition du colloque “jeunesse en régions”, organisé par l’Association des Régions de France (ARF). L’objectif ? Offrir une démarche créative, au service de propositions innovantes, nouvelles et tangibles. Des ateliers créatifs coanimés par des designers, des élus, des associatifs et des jeunes, avec des propositions concrètes, rien que sur la forme, le modèle politique “classique” était réinterrogé.

Innovation, aussi, avec les ateliers des projets, où l’on a pu voir les politiques les plus dynamiques de chaque région de France. Lieu de encontre entre les élus, et les responsables de structures jeunesses de chaque région. Nous avons pu échanger, dire ce qui va bien, bien entendu, mais aussi ce sur quoi chacun bute, et qui, pourquoi pas, peut trouver une réponse dans le travail collectif.

C’est bien conscients que les politiques régionales impactent directement la vie quotidienne des jeunes, mais aussi conscients des problématique et attentes spécifiques qui agitent cette tranche d’âge, que nous avons participé à ces rencontres. Il ne s’agissait nullement  d’en faire une catégorie à part, mais davantage en faisant des jeunes des acteurs, à part entière de la co-construction des politiques publiques, que la région a décidé de mettre en place avec la 27 région une dynamique originale ,créative et participative autour de ces questions.

La “gouvernance” n’a pas toujours été à la hauteur des enjeux. Il ne faut plus attendre que les jeunes descendent dans la rue pour crier leurs revendications, pour demander des comptes aux élus. Ils connaissent leurs problèmes, ils ont même des solutions. Écoutons ce qu’ils ont à nous dire et agissons en conséquence.

C’est le processus qui s’est enclenché en Champagne-Ardenne, en différentes étapes, d’abord par une phase d’écoute et de diagnostic avec une série de huit ateliers thématiques et créatifs pour tenter d’aboutir des propositions a la fois concrètes, politiques et imaginatives, dans l’esprit habituel (méthodologique et éditorial)  de la 27eme Région. Huit forums qui ont réuni 256 jeunes et impliqué plus de 80 structures dans toute la région.

Puis deux semaines d’immersion (en septembre, et en janvier) pour une équipe d’une de jeunes résidents (venus de l’école de la 2ème chance de Châlons-en-Champagne) au Conseil Régional, qui ont pu rencontrer les associations locales, prendre la place des agents de la région et travailler avec les élus sur les enseignements des premières rencontres Régions-Jeunes. Une restitution qui a eu lieu cette semaine à Châlons-en-Champagne a permis de mieux cerner tout le travail qui nous attend. Il s’agit vraiment d’un processus de longue haleine, qui vise à mettre en valeur les synergies, faire émerger la créativité,  et permettre la construction d’un dialogue renouvelé, d’une autre relation avec les jeunes.

L’approche était attendue, et Ô combien pertinente quand il ressort des restitutions que les points clefs tournent autour de l’entrée dans la vie d’adulte, de l’autonomie , de la notion ambigüe de formation , de la relations aux institutions…

Derrière ces questions, et dans les temps d’ateliers mélangeant adultes / et jeunes,  dans les temps de synthèse, tant régionaux que nationaux,  on a pu constater  que le malaise de la relation est palpable, que la relation n’est  ni fluide , ni aisée…. Et que le chemin du vrai dialogue et de la vraie co construction est encore long…

Peut être parce que les politiques publiques devraient avoir pour mission d’adapter les cadres et le monde pour que chacun, dont les jeunes y trouve sa place. Alors que la période de forte mutation sociétale, économique, écologique aussi, bouleverse les rôles et les représentations, trop souvent les institutions restent sourdes, et mettent en place des dispositifs et aides qui accompagnent l’adaptation des personnes au monde et non l’inverse ( faire évoluer l’organisation de la société  pour qu’elle soit accueillante pour tous ).

Dans un monde en mutation, les jeunes qui incarnent par définition l’avenir, sont au coeur de ces transformations, de ces évolutions et du coup sont percu trop souvent comme le problème, comme la catégorie de population qui a un fort besoin d’accompagnement pour s’adapter au monde, alors que c’est le monde en mouvement qui ne sait pas faire de place  aux nouveaux arrivants.

Les politiques publiques, décontenancées d’une manière générale par cette période de mutation, accompagnent plus qu’elles n’anticipent et de ce fait sont à traiter les populations comme “objets de droits” plutôt que comme “sujet de droits”.

En 2012, le partenariat mené avec la 27ème Région continue pour un “design des politiques publiques” (approche qui privilégie la concertation active plutôt que les seuls accords institutionnels), qui permette aux jeunes champardennaises et champardennais de se sentir acteurs du changement, vers un avenir désiré, et non imposé. Les jeunes se sont exprimés, on a dialogue, à nous de laisser la porte ouverte et de montrer  la volonté concrète de poursuivre par le courage de l’action innovante et imaginative…

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