La Champagne-Ardenne, lauréate du Prix européen de la promotion de l’esprit d’entreprise : une vraie reconnaissance de l’ESS !

 

PAR PATRICIA ANDRIOT

Ces 15 et 16 novembre derniers, se tenaient à Nicosie (Chypre), la première assemblée des PME qui avait pour problématique : quelle part des PME dans la sortie de crise et le retour à une dynamique économique dans la zone européenne ? Retour sur cet événement.

Cette assemblée a regroupé des PME, des organisations d’entreprises, des autorités européennes, nationales et régionales, des universitaires et des médias  pour témoigner de l’importance de l’engagement de l’Union européenne envers les PME. Notamment à travers  la mise en œuvre de la directive sur les petites entreprises (Small Business Act), cadre politique des PME à l’échelon des États membres.

Cet évènement a aussi été l’occasion de la remise du Prix européen de la promotion de l’esprit d’entreprise, pour lequel la région Champagne-Ardenne a été lauréate nationale, au titre de son dispositif PROGRESS.

Les débats et principaux constats, tout comme cette récompense (14 nominés parmi plus de 400 dossiers) valorisent l’action de notre région et en confirme la pertinence. Ils mettent aussi en évidence un paradoxe bien classique au sein de la commission. Si ce prix confirme l’importance de l’ESS dans la stratégie économique régionale, si les débats posent les mêmes questions entre soutien aux PME et soutien à l’ESS, l’absence de référence aux structures de l’ESS interroge sur la prise de conscience de son intérêt en terme de développement (vecteurs d’emploi et créatrices de valeur ajoutée).

Pourtant, les unes comme les autres (PME et structures ESS) sont des leviers essentiels de sortie de crise. Non seulement en tant que revitalisant de l’économie du territoire, mais aussi comme moteur d’un redressement productif reposant sur l’innovation, la valorisation et l’accompagnement des savoir-faire.

Cet événement est aussi l’occasion de prendre conscience de la dimension européenne, des problématiques communes, et de la tonalité profondément libérale des mesures préconisées au niveau de la commission (moins de poids administratif, innovation technologique au détriment de l’innovation sociale, … en opposition aux objectifs de régulation et d’homogénéisation des niveaux de développement, poids de l’éducation…).

Constat : les PME représentent plus de 99 % des sociétés de l’UE et 85 % des créations emplois au cours de ces dernières années.  Compte tenu de leur importance, elles doivent faire entendre leur voix lors de la définition des politiques nationales et européennes qui modèlent leur quotidien. Contribuant pour plus 10 % de l’emploi et des structures, la question de l’ESS se pose dans des termes comparables.

Les freins portent sur :
–  la notion de prise de risque ;
– l’accès au financement. Tant pour l’investissement et l’adaptation à l’innovation (économie verte), que pour les difficultés de trésorerie ;
– l’importance et l’inadaptation des règlementations aux contraintes des structures de petites tailles ;
– la difficulté d’accès au bénéfice de la recherche et à la mise en œuvre d’innovation, notamment technologique ;
– la difficulté d’essaimer et créer une interactivité avec les grandes entreprises ;
– l’accès à l’export.

Face à ces questionnements, les enjeux relevés sont les suivants :
– développer et promouvoir l’esprit d’entreprise, notamment chez les jeunes avec l’aide à l’émergence ;
– une internationalisation des entreprises au sein de l’UE et à l’extérieur ;
– une simplification administrative ;
– un tutorat des grandes entreprises sur les petites.

La problématique principale soulevée reste le positionnement du curseur entre moins de rigidité administrative et plus de soutien pour un vrai effet levier ?

Percolation du financement, effet levier des financements publics, accompagnement, importance de la logique de réseau et d’échange de pratiques, enjeu d’un vrai réseau des thématiques et des politiques en faveur des PME au niveau européen. Ces quelques pistes tant dans les constats que dans les perspectives frappent par leur banalité, ou leur proximité avec nos débats champardennais. Mais cela révèle aussi la proximité des questionnements avec l’ESS.

De ce point de vue, notre choix régional de miser, depuis 2005, à la fois sur la confortation des modèles économiques avec un soutien dégressif, sur l’accompagnement des acteurs par un suivi et la professionnalisation, sur une gouvernance favorisant la mise en réseau, explique sans doute la sélection du dispositif PROGRESS, seul nominé français.

Nous sommes particulièrement honorés de cette récompense qui nous invite à poursuivre nos efforts et à nous rapprocher encore davantage des PME. L’Économie Sociale et Solidaire est une voie économique d’avenir.

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