Plan Régional de Santé : « la réponse est dans l’anticipation et la prévention. C’est pour cela que l’amélioration et l’évolution des conditions de travail est un enjeu clef »

A la suite et en complément de l’intervention de Christophe Dumont en séance plénière du Conseil régional, le 13 février 2012, Patricia Andriot, vice-présidente à l’Economie Sociale et Solidaire, est intervenue plus spécifiquement sur la santé environnementale et sur le lien avec les conditions de travail. L’occasion pour elle de rappeler que les statuts de l’économie sociale peuvent constituer une garantie contre la marchandisation du secteur de la santé.

 

Monsieur le Président, mes chèr/es collègues,

Tout en rejoignant complètement ce qui a été dit sur le projet régional de santé tant par le président que par plusieurs collègues, et sans être trop longue, je souhaiterais pour ma part insister sur quelques points particuliers, qui me semblent extrêmement importants dans le contexte actuel, et auxquels le PRS n’accorde pas suffisamment d’importance de mon point de vue.

Ces points, qui tournent tous autour des principes d’anticipation et de prévention, n’ont pas été évoqué et répondent pourtant à la question de la responsabilité budgétaire. La meilleure façon de faire des économies est sans doute d’anticiper et d’éviter d’avoir à faire des dépenses correctrices.

Il est en effet question dans ce rapport de prévention et d’accompagnement global comme il est question de recherche et de formation, mais il faudrait aller plus loin.

Prévention et anticipation pour relier santé et conditions de travail :

Sur ce sujet, et au-delà de la question des moyens, il faut insister pour dire que dans une période de crise, que le gouvernement entend traiter selon un dogme néolibéral, on a trop souvent tendance à penser emploi plutôt que travail et quantité plus que qualité.

Cette approche souvent restrictive, et exclusive, d’une logique d’emploi, conjuguée à une logique de mondialisation conduit à un appauvrissement des tâches, à un moindre respect de la personne humaine, à beaucoup de souffrances au travail.

Plutôt que période de crise, j’aimerais que l’on parle de profonde « mutation écologique et sociale », qui impacte forcément non seulement les emplois, mais aussi les conditions et l’organisation du travail. C’est davantage cela me semble-t-il l’enjeu de demain. Penser amélioration et évolution des conditions de travail est un enjeu clef.

Prévention et anticipation pour relier l’environnement et la santé. L’actualité du jour illustre si besoin cette problématique.

D’un côté, le procès Eternit à Turin, appelé « procès de l’amiante » dont le verdict vient d’être rendu aujourd’hui et qui confirme si besoin en était les imbrications santé et travail. Ce double scandale, de la santé au travail et de la sécurité sanitaire, aura généré, en France, d’ici à 2025, plus de 100 000 morts. C’est loin, je crois, d’être anecdotique. Voilà ce qu’il en coûte à ne pas respecter les travailleurs.

De l’autre côté, la problématique des pesticides qui rebondit, et qui qui concerne tout particulièrement notre région, avec, à l’instant, la reconnaissance, par le tribunal de Lyon, de la responsabilité de Monsanto dans l’intoxication d’un agriculteur.

Et tout ceci sans parler du nucléaire. Il faut faire acte de prévention et d’anticipation, aussi, pour s’intéresser aux statuts même des structures qui travaillent dans le secteur

– lorsque on veut parler de prévention, je voudrais d’ailleurs rappeler que dans le secteur médico-social, beaucoup d’entreprises relèvent du domaine de l’économie sociale et solidaire, qu’il est important que cet équilibre perdure, car on a là des statuts qui obligent à des principes de gouvernance plus éthique, et qui évitent de ne raisonner qu’en terme de recherche du profit ou de rentabilité et qui garantissent donc mieux que d’autres la qualité du service et le souci du patient qui n’est pas un client et les conditions de travail évoquées auparavant.

Mais je voudrais en profiter pour rappeler l’importance qu’il est nécessaire d’accorder au chapitre de la  formation. Je crois important de dispenser, dans la formation des professions de santé, un enseignement sur les fondements de l’économie sociale de manière, afin que les agents comprennent bien leur environnement de travail, et le sens de celui-ci.

Avoir des ambitions, c’est bien mais si celles-ci ne sont pas accompagnées des moyens adéquats, c’est l’échec assuré. Si avec mon groupe, je voterai contre ce PRS, c’est pour donner à l’ARS, c’est pour nous donner collectivement, une chance de mieux répondre à cette question de moyens.

Je vous remercie

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