Visite de Nathalie Kosciusko-Morizet dans les Ardennes : réaction de Christophe Dumont
Nathalie Kosciusko Morizet, Ministre de l’écologie, du développement durable, des transports, et du logement a signé ce matin la création du 47ème parc naturel français dans la pointe des Ardennes. Les 100.000 Ardennais qui vivent sur ce territoire constitueront, selon la ministre, une avant-garde : selon elle, après une période de mondialisation où la compétitivité était fondée sur une énergie abondante et bon marché et une main d’œuvre à bas coût ou nous n’avions aucun avantage comparatif, l’avenir est à la qualité et à la proximité.
Qualité, proximité, ce projet ressemble à celui des écologistes en ce qu’il prône la relocalisation de l’économie, qu’il réconcilie économie et écologie, qu’il bannit les projets comme celui de l’incinérateur de Givet qui vise à faire converger de toute l’Europe sur la pointe des Ardennes des camions chargés de déchets pour y être brûlés, au mépris de la santé des habitants, dans le seul but de générer des profits.
Aujourd’hui, dans ce dossier personne ne sait d’où viendront les déchets qui seront brûlés dans cette usine, quelle en est la composition exacte, des incertitudes planent sur la nature des fumées qui seront rejetées par ses cheminées et l’industriel ne nous dit pas ce que deviendront les déchets qui resteront après incinération et que le plan départemental d’incinération des déchets ne prévoit pas d’enfouir.
Enfin, c’est le premier projet de ce type à être situé loin à la fois du lieu de production des déchets et loin d’un lieu de valorisation de la chaleur produite : nous sommes donc à rebours de l’impératif ministériel de qualité et de proximité.
Je regrette que la remise de l’avis de la commissaire-enquêtrice à l’issue de l’enquête publique sur le projet d’incinérateur ait été reportée du 20 au 26 janvier, soit juste après le départ de la ministre. Cet avis sera vraisemblablement favorable et assorti de réserves et de demandes d’études complémentaires, comme l’a laissé entendre son auteur tout au long de l’enquête ; cet avis ne sera qu’un avis parmi d’autres que les services de l’Etat vont rassembler et étudier afin que le préfet prenne sa décision.
Nous avons été reçus ce matin en préfecture par le secrétaire général et un conseiller de la ministre au sein d’une délégation des associations Nature et Avenir et Vigilance et nous avons remis au représentant du préfet les plus de 11000 signatures de citoyens inquiets de ce projet, lui faisant part de nos doutes sur ce qui, en plus de nous apparaitre dangereux, semble à la fois inefficace et inopportun.
Les représentants de l’Etat nous ont à cette occasion promis de faire preuve de vigilance.
Dont acte.